Jeux en attente de chroniques

On vient de finir à l'instant une partie de ce:



J'ignorais totalement qu'il y avait une première édition. En tout cas, alors que des jeux très "calibrés" et "fonctionnels" comme Troyes, 7 Wonders et, dans une moindre mesure, Navegador, m'ont laissé un peu froid, ce jeu complètement foutraque m'a bien enthousiasmé. Sans doute que la règle qui veut qu' un jeu avec une carte marine et des pirates ne peut pas être foncièrement mauvais y est pour beaucoup. Car, on est en présence d'un ouvrage dont ni le thème (la piraterie, le commerce dans les îles, l'île secrète, etc) ni les mécanismes (une base de Pick and Delivery) ne sont vraiment originaux. A l'occasion, on fait des trucs qui ne sont pas trop thématiques (des pirates qui se comportent comme des chevaliers, ouaih; virer des marchandises si on tire une carte, ouaih). Le matériel fait cotoyer des choses très réussies avec d'autres un peu ratés (cubes, cartes multifonction et avec du texte mi anglais mi polonais, etc). Reste que l'assemblage du tout fonctionne super bien. Au pick and delivery -- plutôt réussi -- s'ajoutent des combats, des missions, des navires de guerre, des marins bourrés, des canonnades, des combats, des routes commerciales, un bateau à améliorer et réparer, Dread Pirate Roberts, Anne-Marie de Sang, du hasard subtilement introduit et controlé, une condition de défaite collective, un rythme intéressant, une pression qui monte peu à peu, etc. Cela en fait une sorte de Bombay avec une violence décomplexée. Très interactif et brutal, pas vraiment allemand. Ils assemblent plein de trucs hétéroclites et c'est étonnant comme ça tient bien ensemble en restant un poids-moyen. Une carte résume le projet: dans un jeu à trois ou quatre, on peut offrir une prime à ses adversaires pour dézinguer un joueur que l'on choisit. Voilà qui manque cruellement à beaucoup. Celui là sera à essayer en décembre. Fonctionne bien à deux. Une excellente surprise. Dans mon top 5 du moment.

Autre jeu de simulation économique, Swharzer Freitag, dont Jean Baptiste et Jérôme ont fait une demi-partie à Essen



Il est précédé -- à juste titre -- d'une réputation catastrophique. Les règles sont vraiment nazes et réussissent à rendre incompréhensible un jeu pourtant extrêmement simple. Il manque clairement une aide de jeu. Très moche en photo, il est un peu mieux en vrai, même si on peut ne pas être fan du vert, du choix graphique d'utilisation des animaux -- vraiment un contresens dans un jeu qui se veut par ailleurs réaliste -- et de l'ergonomie générale.



Au final, après quelques parties à deux, il se révèle vraiment intéressant. Le jeu est construit autour d'une mécanique visant à simuler les fluctuations du marché. Les achats font monter les prix, les ventes baisser et il y a une part "irrationnelle" (le hasard) qui entre en jeu. Les prix montent et finissent inexorablement par se crasher. Entre temps, il faut tirer son épingle du jeu en investissant le marché de l'argent et de l'or, en se voyant attribuer des subventions de l'état, etc. Il faut vraiment "sentir" le marché, penser les tendances et anticiper la part qui n'est pas maîtrisable. Cette mécanique est très élégante et c'est vraiment un plaisir de s'y confronter. Le jeu est assez court, fluide. Au début il semble assez abstrait et restreint, mais, au final, il est assez réaliste. Quand on parle de la bourse et des marchés aux infos, il est beaucoup plus questions des mathématiques que de réel et quelque chose en est bien restitué. Je ne suis d'ailleurs pas d'accord avec les gens qui dénigrent le hasard dans ce jeu. D'une part, c'est assez réaliste, concernant un jeu de bourse, d'intégrer une part que l'on ne maîtrise pas. Ce qui serait irréaliste en l’occurrence serait un marché totalement sous contrôle. D'autre part, le hasard du tirage peut, en partie, s'anticiper. On peut parier que, selon le stade du jeu où l'on se trouve, selon les mouvements qui ont été faits, il est raisonnable de penser que telle valeur pourrait monter ou que telle autre pourrait sévèrement se crasher. On peut se tromper aussi et voir l'autre gagner sur un gros coup de chance. Mais pour autant, ce n'est pas la loterie, loin de là. Et le même genre de choses arrivent à Race.



C'est assez particulier comme jeu. Hors des sentiers battus, singulier, ne ressemblant pas à grand chose de connu. Par contre, l'expérience de de jeu est assez restreinte: il s'agit de surfer la mécanique. L'avantage c'est que c'est assez simple d'accès et rapide et que ça n'est pas un jeu de placement d'ouvrier. Je ne sais pas quelle carrière il fera, mais je pense qu'il vaut mieux que les premières impressions. C'est tout à fait le genre de jeu que j'aime bien explorer en ce moment. Dans son genre, c'est plutôt une réussite. Après, il faudra trouver d'autres amateurs du genre. Je pressens qu'il sera moins facile à placer que d'autres nouveautés d'Essen. Pourtant, il vaut le détour de par sa singularité. C'est pour cette raison que je met le paquet. Des amateurs pour une journée à thème "jeux économiques" ?